Billet d'ouverture

publié le 16/07/2016

Un peu d'humanité

Parade de clôture
28ième Rencontre du Jeune Théâtre Européen
Le 8 juillet 2016
Au Théâtre de Verdure

C'est avec un beau message, mièvre d'optimisme et d'espoir malgré les heures sombres, que les Rencontres du Jeune Théâtre Européen me permettent de clore cette première saison sur Théâtr'In'Grenoble. De nouveau pour cette année, le Créarc a porté du 1er au 9 juillet cet événement singulier, ce moment d'humanité au-delà des frontières linguistiques, au-delà des clivages culturels, dans l'harmonie possible d'une volonté commune et d'un art partagé.

En vingt-huit ans les Rencontres se sont imposées à Grenoble comme une véritable institution. Imaginées et défendues par Fernand Garnier, ancien directeur du Créarc, les Rencontres construisent un réseau mondial axé sur le théâtre. Pour cette édition 2016, elles accueillaient quinze compagnies venues du monde entier : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Hongrie, Italie, Lituanie, Roumanie, Royaume-Uni, Slovénie et Vietnam, pour une programmation entièrement gratuite de dix-sept spectacles, de café-débats quotidiens et de onze stages de formation pluridisciplinaire dans le but d'organiser la parade de clôture à laquelle nous avons assisté. Une exploration du théâtre sous toutes ses formes pendant dix jours intensifs, destinée aux compagnies mais également ouverte à tous.

En conclusion des festivités : Ubu Roy d'Alfred Jarry. Le rendez-vous est donné place Felix Poulat. Intrigués par une foule petitement costumée, les passants n'ayant pas forcément prévu d'assister au spectacle s'arrêtent. De modestes jongleurs font tournoyer leurs instruments enflammés, c'est le coup d'envoi. Ils allument des flambeaux et la troupe s'ébranle au pas cadencé à travers la ville. Nous nous dirigeons directement au Théâtre de Verdure, à l'abri des remparts, devant le musée de Grenoble où se joue la pièce. Quelques tirades en italien, de l'anglais, du français, pour les langues les plus reconnaissables, et les scènes s'enchaînent, emportant avec elles la centaine de figurants, ciment de cette mise en scène originale.

Préparé en seulement une semaine lors des ateliers matinaux et par différents groupes de travail, le spectacle ne se révèle pas vraiment abouti. Il en est de même pour la parade, elle se résume à une marche un peu atone dans la ville. Peu importe ! L'union de la mixité et de la diversité transcendent le projet en une eucharistie artistique. Aux langues se mêlent les masques la Commedia dell'arte, les frasques du feu des circassiens, les chants et les danses. La marée d'acteurs dans l'espace merveilleusement éclairé du théâtre en plein air déferle et ravit.

J'entends parler des Rencontres depuis huit ans et j'ai pu y assister seulement cette année. Je conçois qu'au bout de la énième fois, s'émerveiller du principe puisse être lassant. En effet, l'expérience semble plus intense pour les participants que pour les spectateurs. Cependant, la fraternité et l'humanité débordantes de l'événement, encore plus saisissantes lorsque l'armée de jeunes acteurs exulte sous les applaudissements finaux, est un réconfort moral qu'il nous est malvenu de dévaluer.

Le partage est enrichissement.


T. COPIN


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