Billet d'ouverture

publié le 05/04/2016

De la rue au musée

Evénement
XIIIième Nocturne des étudiants
Le 30 mars 2016
Au Musée de Grenoble

La foule commence à l'approche du stade, bloque la sortie de parking, longe l'avenue avant de grimper difficilement les quatre premières marches, puis dans un lasso incongru elle s'enroule autour du Monsieur Loyal d'Alexander Calder avant de grimper jusqu'au parvis du musée. C'est qu'il y a du monde pour aller voir la treizième édition de la Nocturne des Etudiants. Grâce à la collaboration du Musée de Grenoble et d'un Tramway nommé culture de la Communauté Université Grenoble-Alpes, des compagnies et des jeunes artistes étudiants investissent et animent ce lieu citoyen.

Entre les tableaux fins dix-septièmes de Jean Restout et d'Alexandre-François Desportes s'immisce une ambiance urbaine fortuite. La compagnie hip-hop Hunter Squad enchaîne les figures avec un spectacle saisissant ; un peu plus loin Les Rêves Arrangés fragmentent Les yeux d'Anna, pièce de théâtre de Luc Tartar, pour en faire une représentation continue, cyclique ; et Angéla Kontis et Margaux Laneyrie se figent dans une série de poses visuelles afin d'illustrer la dualité de l'homme pour leur performance muette.

En tout, ce sont quinze animations qui font vivre l'espace du musée, allant du parc d'entrée jusqu'aux salles du sous-sol. Parfois impertinentes mais tellement amusantes comme le détournement de la sculpture de Georgette Agutte, le Buste de Jules Guesde, en un maniaque du piano interprété par Jean-Baptiste Grandguillotte, parfois contemporaines comme la danse minimaliste et géométrique de la compagnie Attrape-corps qui reprend l'assemblage accumulé de Playskool Yard de Frank Stella par l'enchevêtrement de leurs corps, ou foncièrement éducatives comme celle de Glawdys Willote-Dingler, une présentation interactive de l'œuvre de Marc Chagall, Le marchand de bestiaux, nous éveillant au dispositif expérimental lancé par le musée de Grenoble afin de développer une nouvelle expérience artistique sensorielle conçue pour les mal et non-voyants, mais pas seulement.

Je retiens une affection particulière pour le duo Marie Debacq et Théo Silvente dans leur interprétation de 2093, adaptation inattendue de l'œuvre de Daniel Spoerri, Tisch n°5. Ce collage à la vertical du déjeuner de l'artiste prend une dimension comique sous la lecture des deux étudiants, alors eux-aussi collés au mur parce qu'une révolution de la loi de la gravité a été prononcée par le passé pour permettre un gain de place immobilier. Ce texte drôle et pertinent, riche d'idées et de trouvailles, est mis en scène tout en simplicité mais avec beaucoup d'efficacité.

Difficile de tout voir en l'espace restreint des quatre heures d'ouverture, d'autant plus que la plupart des représentations respectent des horaires et des durées différentes. On regrette que l'évènement ne s'étale pas sur deux jours, cela en permettrait l'accès à un public plus large, souvent rebuté par une file d'attente aussi célèbre que le festival. Un regret car l'expérience vaut le détour ! Elle est non seulement l'occasion de découvrir ces jeunes artistes et compagnies mais également d'aborder un regard différent et souvent original, porté par autrui, sur le musée de Grenoble, les œuvres, l'art en général !


T. COPIN


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